Terre: la planète aux 2000 satellites

Etrange planète que cette Terre recouverte d'eau, avec ses plaques continentales qui dérivent, sa flore souvent luxuriante et sa faune, à nulle autre pareille. Voici 3,5 milliards d'années, son ciel rose et ses mers brunes ont viré à l'azur sous l'effet d'un déchet, l'oxygène, rejeté par des micro-organismes apparus on ne sait trop comment, au fond d'une soupe primitive. Ses extraordinaires couleurs ont été découvertes lors des premiers vols spatiaux. Depuis, la Terre s'appelle la planète bleue.

La planète bleue donc, (Blue Marble chez les anglo-saxons) possède un magnifique satellite naturel, la Lune. Mais elle s'est entourée, au fur et à mesure de la conquête de l'espace, d'une ceinture de satellites artificiels, engins étincelants bardés de capteurs, de radars, de caméras haute définition, de longues antennes et de grandes oreilles, chargés de l'étudier et de la surveiller sans arrêt.

Le premier de ces satellites fut lancé par l'Union soviétique en pleine guerre froide, le 4 octobre 1957. Spoutnik-1 mesurait 58 cm de diamètre, pesait 83,6 kg. Il effectua 1400 révolutions autour de la Terre sur une orbite de 228 km de périgée et de 947 km d'apogée. Son principal travail consista surtout à émettre un triomphal bip-bip qui, relayé par les radios du monde entier, fit enrager les responsables politiques du bloc non communiste et jubiler les esprits scientifiques.

Les satellites de renseignement

Ce petit démonstrateur fut rapidement rejoint par des satellites espions, les Coronas américains, puis les Cosmos soviétiques et bien d'autres ensuite. Leurs images de plus en plus précises, servent désormais au maintien de la paix mais aussi à la conduite de la guerre. Les satellites de "reconnaissance" photographiques, optiques et radar ont été progressivement épaulés par des engins "d'alerte avancée" qui écoutent les communications téléphoniques et captent les signaux radioélectriques.

En ce début du XXIème siècle, le ciel est dominé de façon écrasante par les Etats-Unis, pour qui l'espace est un enjeu militaire primordial et qui investissent des milliards de dollars dans l'espionnage spatial. Les dépenses annuelles américaines se montent à 15 milliards de dollars (17 milliards d'euros) auxquels il faut ajouter entre 5 à 8 milliards de crédits secrets. Par comparaison, l'Europe consacre seulement 750 millions d'euros au renseignement militaro-spatial dont 305 milliards d'euros pour la France.

Global Security : site d'un expert, John Pike, qui prône l'étude des images satellites pour vérifier les déclarations des responsables politiques et militaires américains. A visiter, la section Public Eye qui présente de nombreux clichés, provenant essentiellement d'Ikonos.

Federation of American Scientist : parrainée par une cinquantaine de prix Nobel, ce site opposé au projet de défense antimissile, offre de nombreux dossiers et fiches techniques sur les satellites espions, la "Space Policy" et la "Military Space" américaines.

Le renseignement militaire : un rapport parlementaire de Jean-Michel Boucheron, daté de 2001, qui décrit l'état du renseignement militaire en France.

Si la planète est placée sous haute surveillance militaire, elle est aussi observée de façon permanente par des satellites civils. Ils ont connu une formidable expansion au cours des années soixante-dix, notamment dans le domaine de la météorologie et de la télédétection. Mais les grands programmes scientifiques et les vols habités ont perdu leur prépondérance dans les années quatre-vingt, avec l'explosion du marché de la communication aux Etats-Unis, en Europe et en Asie. On pourrait difficilement se passer aujourd'hui des systèmes satellitaires de télécommunications, de transmissions télévisées et multimédias.

Actuellement, plus de 2000 satellites tournent au dessus de nos têtes, conçus par une dizaine de pays ou par des organismes internationaux. L'encombrement guette d'ailleurs certaines orbites et la prolifération des appareils hors d'usage et des débris de toute sorte (environ 24000) nécessitent une surveillance continuelle, assurée pour l'instant par les Etats Unis et la Russie.

L'occupation en orbite terrestre est désormais suffisante pour que l'on puisse définir une géographie de l'espace dont l'ONU s'est souciée de réglementer le droit. La liberté d'exploration et d'utilisation de l'espace "extérieur", différent de l'espace "aérien", les responsabilités pour les dommages occasionés par des objets spatiaux, l'allocation des fréquences radio, la coordination des lancements spatiaux, la rentrée atmosphérique et l'atterrissage des véhicules spatiaux ont fait l'objet de plusieurs accords adoptés par les Nations Unies.

Le Traité sur l'Espace Extérieur (1967), l'Accord de Sauvetage et de Restitution (1968), la Convention de Responsabilité (1973), la Convention d'Enregistrement (1976), et le Traité de la Lune (1979) constituent les textes fondateurs du droit spatial, ratifiés ou non, par les états membres des Nations Unies. L'une des questions les plus débattue depuis l'apparition de ce droit spatial, qui stipule notamment que la souveraineté nationale ne s'étend pas à l'espace (Traité sur l'Espace Extérieur), est la limite entre espaces aérien et extérieur. Il faut qu'elle offre un compromis entre l'exploration spatiale et les intérêts de sécurité nationale et son altitude oscille, au grès des débats, entre 80 et 150 km.

Les vaisseaux spatiaux habités et la Station spatiale internationale (ISS), évoluent entre 200 et 300 km d'altitude. Un peu plus haut dans l'espace, entre 350 et 1500 km d'altitude, orbitent de très nombreux satellites de nationalités diverses, spécialisés dans la reconnaissance photographique, la télédétection, l'étude scientifique de la Terre, la météorologie ou l'observation astronomique. Enfin, en orbite haute, à 36000 km d'altitude, se trouvent les satellites géostationnaires (majoritairement américains) dédiés au télécommunications, aux retransmissions des émissions de télévision, aux communications téléphoniques et à la navigation.

Les télescopes spatiaux

Hubble Space Telescope : le télescope spatial Hubble est exploité par la NASA et l'ESA. Il a été satellisé en 1990 à 600 km d'altitude et a déjà reçu cinq visites de maintenance (18 sorties totalisant 129 heures de travail). La dernière d'entre elles, en mars 2002, a permis de le rénover entièrement, en changeant les deux panneaux solaires, le central électrique et le système d'observation. Surtout dédié à l'observation du cosmos lointain, Hubble braque, de temps en temps, ses caméras sur les objets du système solaire. On lui doit notamment de spectaculaires images de Mars, Jupiter, Saturne et leurs satellites. Les plus belles images se trouvent sur le site du Hubble Heritage Project et du Space Telescope Science Institute.

Chandra : mis en orbite par la navette spatiale en 1999, ce télescope américain est spécialisé dans les images de rayonnements X. Il suit une orbite très allongée, entre 10 000 et 140 000 km d'altitude.

L'homme en orbite

Depuis le premier vol en orbite de Youri Gagarine, le 21 avril 1961, près de 400 personnes ont volé autour de la Terre, à bord de vaisseaux spatiaux ou de stations orbitales.

Station spatiale internationale - ISS
Construite et financée par les Américains et, dans une moindre mesure, par les Russes, la Station spatiale internationale accueille des équipages permanents depuis la fin de l'an 2000. Encore en cours d'assemblage, elle comprendra à terme un module d'habitation et six modules laboratoires (un américain, deux russes, un japonais et un européen) et des modules d'amarrage et de secours et mesurera 97 mètres de long pour 199 mètres d'envergure. La construction en orbite de ce complexe géant est un énorme défi. La ronde des vaisseaux nécessaires à sa déserte et des équipages indispensables à sa maintenance et à l'utilisation de ses laboratoires, va monopoliser les moyens des grandes agences spatiales jusqu'en 2015.

Vaisseaux Soyouz (Russie)
Utilisés jusqu'en 2001 pour amener les équipages vers la station orbitale Mir, les vaisseaux Soyouz assurent, depuis sa destruction en janvier 2001, le transport de cosmonautes russes et européens (ainsi que de richissimes touristes spatiaux) vers la Station Spatiale internationale. Un Soyouz, arrimé à la Station, peut servir de vaisseau de secours pour trois personnes.

Navette (USA)
La navette américaine a été conçue pour assurer la desserte de stations orbitales, le transport et la maintenance de satellites, la réalisation de missions scientifiques en orbite basse. Elle est exploitée depuis avril 1981. La flotte disponible (depuis l'explosion en vol de Challenger en 1986) comprend quatre orbiteurs : Columbia, Discovery, Atlantis et Endeavour.

Vaisseaux Shenzhou (Chine)
Lancé pour la première fois en novembre 1999, le "vaisseau divin" a permis à la Chine de devenir la 3ème puissance mondiale à maîtriser la technique de mise en orbite et de récupération d'un vaisseau spatial. La prochaine étape devrait être le lancement de "taïkonautes".