Vénus: une écrasante fournaise

Une atmosphère irrespirable, composée à 96 % de gaz carbonique ; une pression au sol effarante, 90 fois supérieure à celle de la Terre ; une température moyenne de 460°, capable de faire fondre le plomb et l'étain... L'Etoile du Berger, qui étincelle si joliment au petit matin ou au crépuscule, est un véritable enfer, soumise à un effroyable effet de serre. L'Homme ne risque pas de s'y aventurer.

Deuxième planète à partir du Soleil, Vénus circule à 150 millions de km du Soleil en dessinant un cercle presque parfait en 225 jours terrestres. Elle tourne très lentement de façon rétrograde, dans le sens des aiguilles d'une montre, avec un axe de rotation presque perpendiculaire au plan de l'orbite. Ces singularités valent à Vénus d'ignorer les saisons et de posséder un bien étrange calendrier : le jour vénusien dure 243 jours terrestres ; il est plus long que l'année vénusienne ; et le jour solaire, c'est-à-dire l'intervalle entre deux passages du Soleil au zénith, dure 117 jours terrestres (ou 2800 heures terrestres). De quoi y perdre le sens du temps, d'autant que les nuages, amoncelés sur 70 km de hauteur, cachent les étoiles.

Vénus est la plus proche voisine de la Terre et une quarantaine de sondes ont essayé de percer ses mystères. A eux seuls, les Soviétiques ont expédié une trentaine d'engins avec une persévérance exemplaire. Au début de l'exploration vénusienne les Vénéra ont disparu, les unes après les autres, explosant ou brûlant dans l'épaisse couche nuageuse qui recouvre uniformément la planète. Puis Vénéra 9 et Vénéra 10 en 1975, Vénéra 13 et Vénéra 14 en 1981, ont réussi l'exploit de se poser et de résister plus d'une heure, aux conditions infernales qui règnent à la surface. On leur doit quelques séries de mesures, un enregistrement sonore (jamais diffusé) et des photographies panoramiques en couleur qui montrent un sable grossier et brunâtre.

Les sondes franco-soviétiques Véga 1 et Véga 2 sont parvenues elles aussi à se poser, en décembre 1984, après avoir largué dans l'atmosphère des ballons. Ces derniers ont exploré pendant une quarantaine d'heures les nuages situés à 11 000 km de hauteur. Un coin à éviter absolument : la visibilité est nulle, la température avoisine 100°, les orages grondent, les éclairs crépitent, les vents soufflent à 300 km/h et il pleut de l'acide sulfurique.

Mais l'essentiel des connaissances reposent sur le travail accompli par les orbiteurs américains Pioneer Venus 1 (1972) et surtout par Magellan qui a cartographié, entre 1990 et 1994, la totalité de la surface à l'aide d'un radar et permis ainsi de reconstituer son relief.

Sous les nuages, s'étendent d'interminables plaines basaltiques, peu cratérisées, désolées et usées, parcourues par de longues rides, failles et canyons. La monotonie de ces paysages est rompue par de nombreux volcans dont le plus élevé, le Mont Maxweell culmine à 11 km d'altitude. Aucune éruption, aucune coulée de lave n'a été observée mais une activité volcanique intense s'est déroulée dans un passé récent. Des volcans sont peut-être encore actifs.

Après une dizaine d'années sans projet, les grandes agences spatiales s'intéressent à nouveau. Car l'étude de Vénus devrait être poursuivie, ne serait-ce que pour mieux comprendre cet invraisemblable effet de serre, dû à l'abondance du dioxyde de carbone. La proportion de ce gaz dans l'atmosphère terrestre est infinitésimale mais elle risque d'augmenter dangereusement au cours des siècles à venir. Et l'exemple de Vénus prête à réfléchir.

Missions en projet

Venus Express est un projet de l'Agence spatiale européenne (ESA) pour étudier pendant 500 jours la surface et l'atmosphère vénusienne à l'aide de 7 instruments scientifiques. Le projet a été adopté en novembre 2002 et la sonde devrait être lancée en novembre 2005 à bord d'une fusée franco-russe Soyouy-Fregate. Le voyage doit durer 153 jours. Une fois arrivée à destination, Venus Express se placera sur une orbite polaire à une altitude comprise entre 250 km et 66000 km. Un contrat a été signé, en janvier 2003, entre l'ESA et la société Astrium. Astrium France est le maître d'oeuvre de la sonde. Sa filiale britannique se charge de la propulsion et de la mécanique, sa filiale allemande des panneaux et des systèmes électroniques.

La sonde européenne BepiColombo pourrait également survoler Vénus lorsqu'elle se dirigera vers Mercure.

L'Agence spatiale américaine envisage d'expédier vers 2007 un robot qui prélèverait des échantillons et les ramenerait sur Terre.

Le Japon étudie un projet pour lancer en 2007 un orbiteur qui se placerait en orbite autour de Vénus en 2009 avec pour mission d'analyser son atmosphère et de repérer une éventuelle activité volcanique.